COMMUNIQUÉ DE PRESSE
DÉPISTAGE OBLIGATOIRE DU VIH ET EXAMEN MÉDICAL CONÇUS POUR
EXCLURE LES MIGRANTS « ANORMAUX » AU CANADA
Une nouvelle étude démontre comment le gouvernement entretient les préjugés et viole la confidentialité des données médicales
TORONTO, ON., le 30 novembre 2022 – Une nouvelle étude révèle que le processus canadien de dépistage obligatoire du VIH chez les migrants n’est pas conforme aux normes de l’OCDE et ne tient pas compte de la propre politique du gouvernement sur l’admissibilité médicale au Canada.
Screening Out, une étude inédite menée par la professeure Laura Bisaillon de l’Université de Toronto, révèle des problèmes et des lacunes majeurs dans la politique, la pratique et le processus d’immigration du Canada, notamment l’exposition des informations de santé privées de milliers de candidats à une utilisation abusive et à des préjugés.
Selon la politique officielle du Canada, le VIH n’est pas utilisé pour discriminer ou empêcher l’immigration d’un individu. Pourtant, les candidats à l’immigration doivent se soumettre à un dépistage obligatoire du VIH par des médecins nommés par le gouvernement. Les résultats des tests sont communiqués aux fonctionnaires qui utilisent la séropositivité pour déterminer si et sur quelle base un candidat est suffisamment « normal » pour s’installer ici.
« Les fonctionnaires utilisent le dépistage obligatoire du VIH pour créer des personnes « à risque » et décider ensuite qui est trop « à risque » pour vivre et travailler ici, malgré la propre politique du gouvernement selon laquelle le VIH n’interdit pas officiellement l’établissement au Canada », a déclaré Bisaillon.
« Les pratiques qui ont cours dans le cadre de l’examen médical et du dépistage obligatoire du VIH soutiennent des stéréotypes fondés sur des préjugés et sont, à ce titre, profondément préoccupantes pour tous », a-t-elle ajouté.
Les recherches de la professeure Bisaillon ont révélé que les candidats à l’immigration renoncent au processus de demande en raison des obstacles que constituent le processus de dépistage médical et les pratiques de partage de l’information au Canada.
« Les candidats à l’immigration qui sont séropositifs sont plongés dans un cauchemar administratif où ils doivent passer de nouveaux tests, débourser beaucoup d’argent et subir d’autres contrôles médicaux, sans compter l’incertitude quant à la façon dont leurs informations sont traitées par les services d’immigration au Canada et à l’étranger », a déclaré Mme Bisaillon.
« L’angoisse causée par le processus peut faire en sorte que les gens abandonnent tout simplement leur demande de résidence au Canada », a-t-elle ajouté. « Il s’agit d’une élimination furtive ».
De manière critique, le Canada partage les informations médicales privées, y compris la séropositivité des demandeurs, avec d’autres gouvernements, notamment l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et les États-Unis.
« J’ai parlé avec des demandeurs dont les informations médicales privées ont été exposées dans leur pays de résidence, comme la Russie, où la séropositivité d’une personne la rend illégale et expulsable », a déclaré Mme Bisaillon.
« D’autres pays de l’OCDE, dont la Norvège, le Danemark et la Suède, utilisent le dépistage volontaire du VIH pour mettre les migrants en relation avec des soins et des traitements, et non pour leur montrer la porte », a-t-elle ajouté. « Le statut VIH d’une personne migrante dans ces pays est une affaire entre le patient et le médecin ».
La professeure Bisaillon a déclaré que les Canadiens n’accepteraient pas une seconde que leur confidentialité médicale, un droit légal, soit brisée systématiquement par le gouvernement.
« En tant que Canadiens, nous ne devrions pas accepter des pratiques différentielles, préjudiciables et discriminatoires dirigées contre des personnes qui demandent à devenir des membres productifs de notre pays », a-t-elle déclaré.
« Le Canada doit faire face aux preuves empiriques et joindre le geste à la parole en matière d’immigration. Le processus actuel de dépistage obligatoire du VIH est brutal pour les candidats et profondément problématique pour les médecins et radiologues de l’immigration responsables de 925 000 examens médicaux par an, la grande majorité à l’extérieur du Canada.
« Les pratiques institutionnelles associées au dépistage obligatoire du VIH et à l’examen médical ont également des répercussions au-delà du VIH, les fonctionnaires étant en mesure d’écarter les migrants atteints de maladies telles que le syndrome de Down et le syndrome d’Asperger.
« Le dépistage obligatoire du VIH et le régime d’inadmissibilité médicale mettent gravement en danger la réputation internationale du Canada en tant que nation accueillante et entravent complètement l’objectif déclaré du gouvernement de 500 000 nouveaux immigrants par an en maintenant une politique problématique et des lois restrictives. »
—— POUR DES ENTRETIENS ——
La professeure Bisaillon est à la disposition des médias pour des interviews. Elle peut accorder des entretiens en français et en anglais. Les médias sont également invités à assister au lancement public et à la discussion de Screening Out :
Quand : Mer, 30/11/2022 – 16h00 à 17h30 (heure de l’Est)
Où : Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (salon du 12e étage)
252, rue Bloor Ouest
Toronto, Ontario M5S 1V6 Canada
Informations : https://crefo.oise.utoronto.ca/ACCUEIL/index.html
À propos de Screening Out
Screening Out propose la toute première analyse des pratiques médicales, juridiques et bureaucratiques qui régissent le programme médical fédéral d’immigration. Rédigé sous forme d’analyse narrative et suivant la séquence des événements du processus de demande d’une femme d’Afrique subsaharienne dans ses interactions avec un médecin de l’immigration, ce livre est une ethnographie institutionnelle du processus d’immigration canadien du point de vue des personnes mêmes auxquelles s’adresse la politique d’exclusion en matière de santé. Il apporte un correctif essentiel aux affirmations du gouvernement sur le fonctionnement et les pratiques professionnelles et administratives qui soutiennent le dépistage obligatoire du VIH et l’examen médical, en montrant comment et où les choses doivent changer.
À propos de la professeure Laura Bisaillon, PhD
Madame Bisaillon est sociologue politique et professeure associée à l‘Université de Toronto. Sa carrière est consacrée à la recherche sociale, aux services, aux soins et au militantisme. Elle étudie l’organisation sociale des savoirs sur la migration, la minorisation, le corps et l’État. Son projet « Rejet pour raisons médicales » porte sur les effets des pratiques médicales, juridiques et bureaucratiques d’exclusion dans le système d’immigration canadien, tels que documentés dans son film et son minividéo. Elle est parfaitement bilingue en anglais et en français.
Contacts pour les médias :
Media Relations, University of Toronto
media.relations@utoronto.ca